Communiqué de presse L214 – Éthique & Animaux

Le 17/06/2025

Élevage : les pratiques barbares de Hendrix Genetics

Maltraitance animale et pratiques illégales : L214 saisit la justice

L214 publie une enquête sur les conditions et les pratiques d’élevage de l'entreprise Sasso spécialisée dans la sélection avicole, société du leader mondial en génétique animale Hendrix Genetics. Les bâtiments d'élevage enfermant des poules et des coqs reproducteurs se situent sur la commune de Sabres, dans les Landes.

L’enquête révèle :

  • des maltraitances animales : privation d’eau, de nourriture et de lumière (mue intégrale forcée), ablation de la crête de certains coqs et certaines poules, enfermement dans des cages exiguës empilées les unes sur les autres, absence de lumière naturelle et d'accès à l'extérieur ;
  • une commercialisation irrégulière d’œufs de consommation : production d'œufs pondus par des poules élevées dans des cages non aménagées ne respectant pas la directive relative aux poules pondeuses.

L214 porte plainte pour mauvais traitements et pour commercialisation irrégulière d'œufs de consommation auprès de la procureure de la République du tribunal judiciaire de Mont-de-Marsan.

Ressources libres de droits

Loin de l’image d’Épinal des poussins et de leur mère dans la cour de la ferme, ici tout est calculé, optimisé et artificialisé au détriment des animaux et de la sécurité sanitaire. La vingtaine de bâtiments industriels enferment plus de 60 000 poules reproductrices et coqs reproducteurs, la plupart dans des cages minuscules au sol grillagé ne permettant même pas aux oiseaux d’étendre leurs ailes. Dans son couvoir attenant à ces bâtiments, l’entreprise Sasso fait éclore chaque année des millions de poussins, futures poules pondeuses d’élevage et poulets de chair exportés dans plus de 50 pays (principalement vers le continent africain et asiatique).

La mue forcée : priver les animaux de nourriture, d’eau et de lumière

Afin de relancer un dernier cycle de ponte avant l’abattage, l’entreprise Sasso pratique la mue intégrale forcée sur les poules pondeuses âgées de 55 semaines. La mue consiste à priver les oiseaux d’aliment, d’eau et de lumière, jusqu’à 7 jours d'affilée. Une pratique barbare et interdite dénoncée par L214 dans sa plainte.

Selon notre source : « Quand nos poules arrivent aux environs de 55, 60 semaines d’âge, certaines partent en mue : on va couper la lumière, l’eau, l’aliment pendant une semaine. Quand elles sont à 0 % de ponte, on commence à relancer la lumière, c’est une guirlande électrique avec 1 ampoule sur 4 d'allumée, de 8 h à 12 h. L’aliment et l’eau sont réintégrés petit à petit pour quand même les maintenir en vie. Elles perdent vraiment énormément de poids. Quand elles entrent en mue, elles sont aux alentours de 50 à 60 % de ponte, et en sortie de mue elles sont généralement à 80, 85 % de ponte, et c’est ça qu’on cherche à faire : relancer une dernière ponte productive. »

Tableau du programme de mue

Le stress et l’affaiblissement immunitaire liés à cette mue forcée augmentent le risque de prolifération bactérienne (notamment Salmonella). Le 17 mars dernier, l’un des bâtiments d’élevage où était pratiquée la mue sur les oiseaux est frappé par une épidémie de salmonellose (première cause de toxi-infections alimentaires collectives en France) qui a conduit à l’abattage d’urgence (au gaz CO₂) et en catimini de plus de 3 000 poules.

Production d’œufs pour la consommation pondus par des poules en cages non-aménagées

La société Les Oeufs Geslin collecte auprès de l'entreprise Sasso des œufs non fécondés pondus par des poules reproductrices qui vivent en cages de batterie sans aucun aménagement.

Or, depuis 2012, il est interdit d’élever des poules qui pondent des œufs pour la consommation dans des cages de batterie non aménagées. La directive 1999/74/CE autorise des systèmes d’élevage sans cages (appelés élevages alternatifs) et en cages aménagées.

Pour Bérénice Riaux, chargée des enquêtes de l’association : « Depuis quelques années, les consommateurs ont été très informés sur les différents modes d’élevage des poules produisant des œufs grâce aux codes 0, 1, 2, 3, seuls systèmes d’élevages autorisés par la réglementation. Dans cette enquête, on découvre que la Sasso produit des œufs de consommation aux pratiques d’élevages inconnues : un code fantôme ou un code 4 ? Enfermées dans des cages exiguës, privées d’eau et de nourriture, inséminées jusqu’à 70 fois au cours de leur courte vie, les poules subissent une maltraitance évidente sous les applaudissements de responsables politiques... »

Visite d’un parlementaire européen : comment la filière transforme un élevage en « village Potemkine »

Le 7 mars dernier, soit 10 jours avant l’épisode de salmonellose qui a frappé l’élevage, l’eurodéputé Éric Sargiacomo, également vice-président de la commission de l'agriculture et du développement rural (AGRI) au Parlement européen et conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine, a visité l’entreprise Sasso. Au programme : un parcours balisé et la visite d’un seul bâtiment sur la vingtaine que contient le site. Selon notre source, les consignes étaient claires : « On nous a demandé de tout récurer, nettoyer, désinfecter pour qu’il n’y ait plus la moindre poussière. Les conditions étaient d’amener les politiques uniquement dans le bâtiment le plus rénové, le plus neuf. »

À l’issue de sa visite, Eric Sargiacomo a publié sur Instagram, Facebook et LinkedIn, une vidéo de sa visite sans montrer un seul animal, accompagnée d’un texte prônant la souveraineté alimentaire, la performance sanitaire et le bien-être animal de l’entreprise Sasso (et de 2 autres acteurs de l’agroalimentaire landaise). Pourtant, la réalité des élevages de la Sasso est aux antipodes de ces déclarations : l’entreprise est exportatrice, l’intensification de sa production est source de salmonelle, et elle exerce des pratiques d’élevage illégales et barbares pour les animaux. Cet élu du peuple était accompagné par Paul-Henri Lava, représentant du lobby de la volaille de chair au niveau européen.

Pour Olivier Morice, chargé des affaires européennes à L214 : « Où sont les animaux sur cette vidéo promotionnelle ? Pourquoi ne les voit-on pas alors qu'ils sont 60 000 enfermés dans ces bâtiments lugubres ? Monsieur Sargiacomo vante les mérites de la Sasso, une entreprise en infraction et aux pratiques cruelles ! Avait-il connaissance des pratiques d'élevage avant de publier cette vidéo ? A-t-il été voir d'autres bâtiments d'élevage, ou s'est-il contenté d’une visite aux allures de « village Potemkine » escortée par un poids lourd de l'industrie ? »

→ Note de presse sur la visite d'Éric Sargiacomo

World’s Biggest Egg Investigation

Cette enquête s’inscrit dans le cadre de la campagne internationale pour la fin des cages dans l’industrie des œufs. Un des principaux moyens utilisés est le travail de plaidoyer auprès des entreprises, visant à obtenir des engagements pour l’abandon des cages avec des échéances, la plus courante étant 2025. En France, près de 200 entreprises se sont engagées suite aux campagnes publiques de L214.

Ce mardi 17 juin, la coalition internationale d’associations coordonnée par l’OWA organise la plus grande enquête de l’histoire, géographiquement diversifiée et de portée mondiale. Dans une vidéo publiée mardi 17 juin, elle regroupe des images provenant de plus de 20 pays répartis sur tous les continents accompagnée d’une pétition contre la production d'œufs en cage.

Contacts presse

Bérénice Riaux, chargée des enquêtes : 07 54 35 31 56
Sébastien Arsac, responsable des enquêtes : 06 17 42 96 84
Johanne Mielcarek, chargée des relations presse : 06 02 37 02 60

À propos de L214

L214 est une association de défense des animaux. Depuis ses débuts en 2008, elle a rendu publiques plus de 130 enquêtes révélant les conditions d'élevage, de transport et d'abattage des animaux. Ces vidéos ont permis de dévoiler les pratiques routinières et les dysfonctionnements d'une industrie qui considère et traite les animaux comme des marchandises.

Forte de 58 000 membres, suivie par plus d'un million de personnes sur les réseaux sociaux, L214 a notamment obtenu l'engagement de plus de 180 entreprises à renoncer aux œufs de poules élevées en cage et aux pires pratiques d'élevage et d'abattage des poulets élevés pour leur chair et la création d’une commission d'enquête parlementaire sur les conditions d'abattage des animaux. Participant activement au débat démocratique, L214 est régulièrement sollicitée par les médias pour son expertise, et revendique l’arrêt de la consommation des animaux et des autres pratiques qui leur nuisent.