Le 22/05/2025
Abattoir de Meaux : l'insoutenable souffrance des animaux
L214 demande sa fermeture d’urgence
À deux semaines de l’Aïd al-Adha (ou Aïd el-Kebir), L214 dévoile des images inédites filmées dans l’abattoir de Meaux, spécialisé dans l’abattage rituel halal de moutons et de bovins. Au-delà de la problématique de l’abattage sans étourdissement, les images révèlent une souffrance animale aiguë résultant de problèmes structurels et de pratiques d'abattage totalement défaillantes (voir le détail ci-dessous). Les mêmes non-conformités avaient été identifiées par les autorités il y a près de dix ans mais n'ont jamais été résolues.
La plainte déposée par L214 pour actes de cruauté s'accompagne d'une demande de fermeture immédiate de l'établissement.
L214 demande également à AVS (À Votre Service), organisme de contrôle de la viande halal, de retirer sa certification à l’abattoir de Meaux.
Tareq Oubrou, grand imam de Bordeaux, réagit à ces pratiques à l’abattoir de Meaux aux côtés de L214.
Images filmées entre le 10 mars et le 1er avril 2025
Ressources libres de droits
L214 appelle les autorités musulmanes à promouvoir la réduction du nombre d’animaux tués
À l'abattoir de Meaux, les animaux sont saignés sans étourdissement préalable, dérogation prévue par la réglementation dans le cadre de l'abattage rituel. Face aux graves manquements documentés, L214 demande au certificateur halal AVS de retirer immédiatement son agrément à l'abattoir de Meaux.
Au-delà de cette mesure d'urgence, L214 élargit son appel aux principales autorités religieuses musulmanes de France, notamment les représentants des Grandes Mosquées de Paris, Lyon et Évry-Courcouronnes, pour qu'elles s'engagent activement dans la promotion d'une réduction significative de la consommation de viande.
Cette démarche vise à initier un dialogue constructif sur les moyens de concilier les pratiques rituelles avec une nécessaire diminution du nombre d'animaux abattus.
Pour Tareq Oubrou, grand imam de Bordeaux : « Tout être humain doté d'une conscience ne pourrait qu'être choqué par ces images, où déjà le sang est répandu, des animaux sont maltraités, dans des conditions indignes de notre civilisation, vu les avancées technologiques et techniques. Et puis le procédé de l'abattage qui ne sied pas à notre civilisation en général. »
Pour Brigitte Gothière, directrice de L214 : « Une fois de plus, nous ne pouvons que constater l’incapacité des autorités de contrôle de l’État et des organisations confessionnelles à prévenir les pires pratiques dans les abattoirs. Nous l’avons montré à maintes reprises dans les abattoirs standards comme dans la pratique de l’abattage rituel. Agir de manière concrète et responsable implique de s’attaquer à la racine du problème : réduire significativement le nombre d’animaux abattus. Tout comme Tareq Oubrou le fait, nous appelons les autorités et personnalités musulmanes à prendre leur part et à promouvoir une réduction drastique de la consommation de viande. »
Une demande de fermeture urgente à deux semaines de l'Aïd-el-Kebir
L214 demande au préfet de Seine-et-Marne la fermeture immédiate de l'abattoir de Meaux. Les infractions graves et systémiques rendent impossible le respect de la réglementation encadrant l'abattage des animaux. Dans ces conditions, l'établissement ne peut en aucun cas être autorisé à fonctionner lors de l'Aïd-el-Kebir du 6 juin prochain.
Bien sûr, L214 réitère sa demande d'interdiction de l'abattage sans étourdissement en toutes circonstances.
L'association porte plainte pour sévices graves, actes de cruauté et mauvais traitements auprès du tribunal judiciaire de Meaux et a remis à la justice une vidéo de plus de 3 heures d'infractions documentées.
Des maltraitances systémiques et des infractions graves à la réglementation
Les images mettent en évidence des infractions majeures qui aggravent considérablement la souffrance des animaux.
Pour les moutons, en violation de la réglementation :
- Les moutons sont systématiquement tirés par les pattes, les oreilles ou la laine ou poussés par une sorte de manche à balai pour être placés dans le piège d'immobilisation avant d’être égorgés.
- Plusieurs moutons arrivent à se dégager du restrainer1 ou directement du piège d’immobilisation. Ils tombent alors sur le sol, dans le sang puis sont rattrapés sans ménagement et saignés laborieusement en dehors du piège d’immobilisation.
- Tous les moutons vivants voient leurs congénères en train de se vider de leur sang, suspendus à la chaîne.
- Ils sont relâchés du piège immédiatement après avoir été égorgés et ainsi suspendus encore sensibles et conscients à la chaîne d’abattage.2
- Des moutons commencent à être découpés alors qu’ils sont encore vivants.
Pour les bovins, en violation de la réglementation :
- Les infrastructures défaillantes de l’abattoir obligent les employés à l’utilisation répétée de l’aiguillon électrique pour faire avancer les bovins dans les couloirs.
- Un bovin qui résiste à se placer dans la mentonnière du box rotatif3 d’immobilisation reçoit des centaines de coups d'aiguillon électrique ainsi que des coups avec la pointe d’un couteau. Il faudra 42 minutes aux employés pour réussir à le faire avancer jusqu'à la mentonnière.
- De nombreux bovins sont saignés par cisaillements. Il arrive que le sacrificateur redonne des coups de couteau dans la plaie béante des bovins.
- Le box rotatif n’est pas adapté pour les jeunes bovins qui sont mal placés dans la mentonnière censée maintenir leur tête en arrière, ils sont aussi saignés laborieusement par cisaillements.
- Une fois dégagés du box d’immobilisation, de nombreux bovins présentent des signes évidents de sensibilité et de conscience (respiration rythmique, relevés de tête) et sont pourtant suspendus par une patte à la chaîne d'abattage.
- Des bovins commencent à être découpés alors qu’ils présentent encore des signes de vie.
- Un veau est saigné directement dans le piège prévu pour les moutons. Il est relâché encore sensible et conscient et transporté dans une autre partie de l’abattoir.
Des maltraitances systémiques et des infractions graves à la réglementation
Les services vétérinaires de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) avaient déjà relevé en 2016 de graves non-conformités dans cet abattoir, notamment :
- L'absence de contrôle interne formalisé.
- La non-application des procédures de vérification de la perte de conscience des animaux.
- Des installations inadaptées permettant aux animaux de voir leurs congénères abattus.
- Des problèmes d'immobilisation des animaux, particulièrement les petits bovins.
Près de 10 ans plus tard, ces mêmes problèmes persistent, démontrant l'incapacité chronique de l'établissement et des services de contrôle de la préfecture (DDPP) à garantir le respect des réglementations minimales.
→ Le rapport de 2016 concernant les moutons
→ Le rapport de 2016 concernant les bovins
L’abattoir de Meaux
L’abattoir de Meaux, l’un des rares établissements multi-espèces d’Île-de-France, abat chaque année plusieurs milliers de bovins, ovins et caprins, avec une production estimée à plus de 2 500 tonnes de viande. Celle-ci est principalement distribuée via le grossiste Soviam qui alimente boucheries et sites de vente en ligne.
Contacts presse
Sébastien Arsac, directeur des enquêtes : 06 17 42 96 84
Brigitte Gothière, directrice : 06 20 03 32 66
Johanne Mielcarek, chargée des relations presse : 06 02 37 02 60
1 Le restrainer est un dispositif d’acheminement des animaux : deux tapis roulants latéraux y maintiennent l’animal théoriquement immobile et le transportent automatiquement jusqu’au poste de saignée.
2 Un point crucial du règlement de 2009 encadrant l’abattage des animaux (chapitre II, article 5) précise : « Lorsque [...] les animaux sont mis à mort sans étourdissement préalable, les personnes chargées de l’abattage procèdent à des contrôles systématiques pour s’assurer que les animaux ne présentent aucun signe de conscience ou de sensibilité avant de mettre fin à leur immobilisation et ne présentent aucun signe de vie avant l’habillage ou l’échaudage. »
3 Le box rotatif est un dispositif conçu pour immobiliser les bovins avant l’abattage. Une fois à l’intérieur, la cage tourne mécaniquement pour le placer sur le dos, une position qui expose la gorge de l’animal à la lame du sacrificateur.
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