Communiqué de presse L214 – Éthique & Animaux

Le 01/08/2024

1 million de poulets par an : DUC autorisé par le préfet de la Drôme à quadrupler un élevage de poulets

L214 s’y oppose et saisit le tribunal administratif

L214 dépose un recours auprès du tribunal administratif de Grenoble : l’association conteste la décision de la préfecture de la Drôme, qui autorise l'entreprise DUC à agrandir son élevage intensif de poulets de Peyrins.

Ce « mégapoulailler » exploite déjà plus de 230 000 poulets par an. Malgré les réserves de l’autorité environnementale (MRAe), les nombreux avis défavorables des riverains (23 favorables contre 223 défavorables), le refus des deux permis de construire par la mairie de Peyrins, le préfet de la Drôme vient d'autoriser DUC à quadrupler sa capacité pour exploiter 142 800 poulets en simultané, soit plus de 1 million de poulets chaque année.

→ Consulter l'enquête publique de la préfecture

L'extension de l'élevage de Peyrins : une aberration pour les animaux

Ce projet d'extension présente des problèmes majeurs pour les animaux :

  • 21 poulets par m2 : ces poulets seront entassés dans des bâtiments fermés, sans aucun accès à l’extérieur. Ce nombre élevé d'individus portera la densité entre 33 et 42 kg/m2 (chiffres déclarés p. 180 du dossier).
    Un chiffre qui excède les recommandations de l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments, agence de l’Union européenne), qui préconise de ne pas dépasser 25 kg/m2, soit environ 12 poulets par m2, afin d’éviter les plus graves problèmes de bien-être des poulets (rapport The Welfare of Chickens Kept for Meat Production (Broilers), p. 67) ;
  • 3 salariés pour plus de 140 000 poulets : seuls 3 emplois sont prévus pour gérer l'élevage et veiller au « niveau de bien-être et de santé » des animaux. L’arrêté du 28 juin 2010 (annexe I point 7) exige pourtant que « Tous les poulets élevés dans l'exploitation [soient] inspectés au moins deux fois par jour ». Pour chaque employé, cela reviendrait à inspecter 47 600 poulets, deux fois dans la journée.

Par ailleurs, le projet d'extension ne prévoit aucun local pour isoler les animaux malades, et les exploitants ne précisent pas comment ils comptent faire pour que la litière des poulets reste sèche (annexe 1. 3 de l’arrêté de 2010) alors qu’elle n’est changée qu’à chaque « vide sanitaire » (départ des oiseaux pour l'abattoir), ce qui cause des problèmes respiratoires et des brûlures des pattes et de la peau.

Les enquêtes de L214 sur les pratiques de DUC

Depuis des années, L214 dénonce le caractère intrinsèquement maltraitant des élevages intensifs, qui enferment aujourd'hui 80 % des poulets abattus en France. Confinés dans des bâtiments, sans accès à l’extérieur, et entassés les uns sur les autres, ils souffrent de maladies et de problèmes musculo-squelettiques, à cause d’une sélection génétique intensive. Les races utilisées ont été créées pour que les oiseaux grossissent 4 fois plus rapidement qu’en 1950.

Qu'un élevage soit affilié à une marque ou un groupement comme DUC n’est en aucun cas un gage de « meilleures » conditions d'élevage. Plusieurs enquêtes de L214 ont d'ailleurs montré les terribles conditions d'élevage des poulets élevés pour l'entreprise :

En avril 2023, L214 avait d'ailleurs déposé un recours au tribunal administratif à l’encontre de la décision préfectorale autorisant l’abattoir DUC de Chailley (Yonne) à étendre son activité, favorisant ainsi la multiplication de ce type d’élevages.
Le recours est encore en instruction auprès du tribunal.

Des risques clairs pour l’environnement et la santé des riverains

L’impact environnemental de cet élevage intensif sera forcément conséquent : pollution des sols, de l'eau et des nappes phréatiques, de l'air et contribution aux émissions de gaz à effet de serre (GES).
Selon la Mission régionale d'autorité environnementale (MRAe), le dossier des exploitants « ne permet pas de démontrer l’absence d’éventuel impact sur les eaux souterraines et superficielles » (p. 3).

Concernant les GES, les exploitants ne justifient d’aucun bilan chiffré sur les émissions produites.

L’Autorité environnementale recommande d’établir « un bilan complet (émissions directes et indirectes) des émissions de gaz à effet de serre et d’identifier les mesures d’évitement et de réduction à mettre en œuvre notamment en lien avec l’alimentation des poulets » (p. 12).

Le refus des deux permis de construire par la mairie appuie ces constats en montrant, entre autres :

  • « que le projet engendrera une augmentation de la consommation d’eau potable » ;
  • « que le dossier ne permet pas de satisfaire aux enjeux de gestion quantitative durable et équilibrée de la ressource en eau et de préservation des milieux aquatiques » ;
  • qu’un « projet doit être refusé s’il est de nature à porter atteinte à la salubrité ou la sécurité publique du fait de sa situation, de ses caractéristiques, de son importance ou de son implantation à proximité d’autres installations » comme le précise le Code de l’urbanisme ;
  • « que le projet engendrerait un surcroît de trafic, notamment de poids-lourds, d’environ 700 allers-retours par an ».

Par ailleurs, l’élevage intensif est en soi un facteur de risque pour la santé humaine.
Le nombre énorme d’animaux élevés en confinement et dotés d’une variabilité génétique très pauvre crée les conditions idéales pour l’émergence et la propagation de nouveaux pathogènes. Les traitements médicamenteux deviennent par conséquent une obligation.
Dans son rapport, la MRAe précise : « les risques relatifs au développement d’antibiorésistance et aux émissions aériennes d’ammoniac pour la santé humaine ne sont pas développés dans le dossier » (p. 3).

Isabelle Fernandez, porte-parole de l'association L214 : « Malgré toutes les réserves existantes, comment peut-on encore aujourd’hui autoriser ce type d’élevage ? Il est aberrant que la justice favorise encore l’élevage intensif. Nous ne baissons pas les bras. Nous irons jusqu’au bout de la procédure pour que cet élevage ne voie pas le jour.
Nous devons rester mobilisés contre ces projets dévastateurs et sortir urgemment de ce modèle d’élevage dont plus personne ne veut. 85 % des Français sont défavorables à l’élevage intensif.
C'est à la suite de projets comme celui de Peyrins que L214 a décidé de lancer un site Internet dédié pour mettre à la disposition des citoyens tous les outils permettant de se mobiliser contre les projets d'élevages intensifs et montrer qu'il est possible d'agir. 
»

Contacts presse

Isabelle Fernandez, chargée de campagne : 07 87 23 21 20
Sébastien Arsac, responsable des enquêtes et porte-parole : 06 17 42 96 84
Barbara Boyer, chargée des relations presse : 06 50 35 57 48

À propos de L214

L214 est une association de défense des animaux. Depuis ses débuts en 2008, elle a rendu publiques plus de 130 enquêtes révélant les conditions d'élevage, de transport et d'abattage des animaux. Ces vidéos ont permis de dévoiler les pratiques routinières et les dysfonctionnements d'une industrie qui considère et traite les animaux comme des marchandises.

Forte de 58 000 membres, suivie par plus d'un million de personnes sur les réseaux sociaux, L214 a notamment obtenu l'engagement de plus de 180 entreprises à renoncer aux œufs de poules élevées en cage et aux pires pratiques d'élevage et d'abattage des poulets élevés pour leur chair et la création d’une commission d'enquête parlementaire sur les conditions d'abattage des animaux. Participant activement au débat démocratique, L214 est régulièrement sollicitée par les médias pour son expertise, et revendique l’arrêt de la consommation des animaux et des autres pratiques qui leur nuisent.